Par Pierre Van Eeckhout
La poussière retombée sur les Journées de formation de l’APSDS, que reste-t-il de notre grand rassemblement annuel?
Système E.S.A.R.
De la présentation de Madame Rolande Filion, professeure de psychologie du jeu et coauteure du système ESAR, et Catherine Giguère-Duval, coordonnatrice à la Ludothèque de Sainte-Foy, il me reste l’agréable découverte d’un système épatant, et ludique en lui-même, pour cataloguer des jeux de toutes sortes.
Composé de descripteurs psychopédagogiques, le système ESAR permet de décrire les jeux en 6 facettes. E pour jeu d’exercice, S pour jeu symbolique, A pour jeu d’assemblage et R pour jeu de règles. Issu des théories du développement et des théories documentaires, ce système rapproche le domaine de la psychologie et de la bibliothéconomie dans une fusion des genres fort originale. Le manuel permet de créer la cote de façon très détaillée. Il est recommandé d’identifier les tablettes et les boitiers de jeux. On peut associer une fiche d’inventaire au jeu avant le prêt dans le but de s’assurer que le retour d’un jeu incomplet ne passe pas inaperçu.
Les techniciennes en documentation de mon CSS ont soudainement constaté que leur bureau regorgeait de jeux à cataloguer. Il va sans dire que nous allons nous procurer Le Système ESAR. Pour analyser, classifier des jeux et aménager des espaces.
Comité de liaison et comités d’expert des bibliothécaires scolaires
Marie-Hélène Charest, responsable du dossier des bibliothèques à la Direction des ressources didactiques et pédago-numériques au ministère de l’Éducation (MEQ) a fait un historique du comité de liaison fondé en 2017 par le MEQ et composé de neuf bibliothécaires scolaires représentants toutes les régions du Québec. Ce comité s’emploie à créer des pratiques communes à l’aide de quatre moyens : une liste de discussion, un site web (encore en construction), la formation continue par les pairs et des comités d’expert.
Les comités d’experts se forment sur la base du volontariat. Des participants approfondissent un domaine particulier et s’engagent à partager leurs connaissances et leur savoir-faire pour le bénéfice de la communauté.
Pour mémoire, trop longtemps laissée en friche, la bibliothéconomie scolaire reçoit un premier appui dès 2005 avec le Plan d’action sur la lecture à l’école, suivi du plan d’embauche des bibliothécaires scolaires en 2009. La reconduite du plan d’embauche en 2019 va favoriser l’émergence d’une nouvelle expertise dans un champ qui n’a jamais été considéré comme spécialisé, mais qui est en train de le devenir. Avec près de 2 500 bibliothèques scolaires au Québec, une centaine de professionnels et professionnelles de l’information et plus de 450 techniciens et techniciennes en documentation, tous dédiés à promouvir la littératie sous toutes ses formes, le plus gros laboratoire de projets en science de l’information a maintenant presque tous les éléments nécessaires pour avoir un impact positif sur l’alphabétisation des élèves dans notre province.
L’objectif principal à long terme est de soutenir le développement des sciences de l’information scolaire et d’assurer un leadership dans les champs d’expertise de la bibliothéconomie scolaire au Québec pour le plus grand bénéfice de nos élèves.
Marie-Hélène a présenté chacun des comités et leur présidente. Quelques comités sont déjà en action, par exemple le comité des compétences informationnelles et celui sur les carrefours d’apprentissage. Près d’une dizaine d’autres sont en préparation, dont le comité sur les collections et la littérature jeunesse, le comité sur le développement culturel, celui sur l’état des lieux et des statistiques. J’en passe et non des moindres. Gageons que nous entendrons de plus en plus parler de ces comités d’expert dans les prochains mois et les prochaines années.
Naomi Lebel, présidente du comité sur les compétences informationnelles, et Yannick Caza, technicienne en documentation au CSS de Saint-Hyacinthe ont ensuite présenté plus en détails les résultats de leurs travaux culminant dans le site du Continuum des compétences informationnelles. Le continuum a été validé par le Groupe de littératie en recherche multimodale, le milieu de la recherche universitaire et les RÉCIT.
Le continuum des CI sert à baliser les habiletés et compétences informationnelles de l’élève, selon son niveau scolaire. Les quatre compétences informationnelles sont: définir un besoin d’information, chercher efficacement, analyser l’information trouvée et l’utiliser de façon éthique. Yannick Caza a conclu en démontrant avec éloquence l’utilité de ces habiletés au niveau du programme d’étude international, en art et univers social de secondaire 1, dans les projets personnels de secondaire 4 et plus encore. C’était également très éclairant de voir comment le continum peut être utilisé dès la maternelle et la première année et jusq’à la fin du curriculum d’études. Enfin, un vidéo faisant la promotion du continuum des CI peut être visionné ici.
Comment améliorer l’image de la bibliothèque scolaire en ligne?
Il est impératif pour la bibliothèque scolaire de faire sentir sa présence et son importance en personne et en ligne. Quels sont les outils pertinents pour aider les bibliothécaires dans leur tâche? Amélie Lafleur-Savage s’est chargée de nous en tracer un portrait.
Voici des objectifs qui font partie intégrante de notre travail: créer régulièrement du contenu attrayant sur les réseaux sociaux, veiller à construire une image positive de la bibliothèque en ligne, informer les enseignants, la direction d’école et les élèves des métamorphoses et des avancées de la bibliothèque, multiplier les points d’accès pour rejoindre un plus grand public. Pour y parvenir, un nombre étourdissant d’outils s’offrent maintenant à notre disposition: par exemple, le logiciel gratuit en ligne Canva pour faire des affiches, des dépliants, des encarts. Les réseaux sociaux Facebook et Instagram pour susciter l’engagement de nos utilisateurs.
Des savoir-faire sont devenus incontournables: se lier avec des collègues et parler aux élèves sur les réseaux sociaux; savoir manier le mot-clic ou mot-dièse (hashtag); l’art d’identiqueter (tagger, en bon français) pour attirer l’attention; l’utilisation de brèves (publication à durée de vie limitée); l’emploi des émojis pour illustrer toute la gamme de nos émotions avec Emojipedia.
Savoir programmer notre contenu à l’avance permet de sauver du temps et demeurer régulièrement présent en ligne. Enfin, il faut aussi se familiariser avec des banques d’images et de sons gratuites, selon les besoins, créer un site avec Google Site.
Je suis encore défrisé par tout l’attirail à notre disposition. Je dois explorer Creator Studio, Linktree, et j’en passe. Les outils sont à notre disposition, nous ne sommes limités que par notre imagination!
Une AGA historique
Un mot sur l’assemblée générale annuelle où un tout nouveau conseil d’administration a été élu. Ariane Régnier, bibliothécaire au CSS Val-des-Cerfs, devenant présidente au cours de la première élection à la présidence à avoir lieu de mémoire de membre. Les autres membres du CA sont Marjolaine Séguin (CSSMI), à la vice-présidence, Myriam Leclerc (CSSMI) à la trésorerie et Geneviève Paquin (CSDM) comme secrétaire. Bravo au nouveau conseil d’administration!
Licence Copibec / Socan
Francis M. Desmarais, agent de liaison, secteur primaire/secondaire chez Copibec, Me Martin Lavallée, avocat principal à la SOCAN (volet musique), Geneviève Leblanc, responsable du dossier du droit d’auteur à la Direction des ressources didactiques et pédago-numériques au ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) et Gilles Lessard, chef de service à la SOCAN (volet arts visuels et métiers d’art) se sont prêtés au jeu des questions-réponses animé par Lyne Rajotte de la CSSMI. Voici ce que j’ai pu retenir de leur échange touffu et rempli d’informations pertinentes en six points:
- L’entente entre Copibec et le ministère n’est pas une entente sur l’utilisation réelle des documents dans les écoles. C’est une entente représentative de l’utilisation que les écoles font des documents. Elle cherche à établir une juste rémunération pour les artistes.
- Contrairement à l’utilisation du TNI en classe ou à distance, l’interdiction de diffuser du contenu aux enfants par l’entremise de Facebook et autres réseaux sociaux prend principalement sa source dans un besoin de protéger les enfants contre les influences publicitaires et autres.
- L’utilisation en classe de la TV en ligne est soumise aux mêmes règles que l’utilisation des sites web.
- Le droit d’exception (fair use) ne prime pas sur les différentes lois canadiennes, québécoises, de Copibec et de la Socan.
- Le mythique répertoire de Copibec existe vraiment et se trouve dans notre compte Copibec en haut à gauche sous la forme d’un moteur de recherche que l’on peut interroger par auteur, titre, ISBN ou éditeur!
- Un délai raisonnable pour une demande est un retour dans la semaine et une « non-réponse » n’est pas un refus, mais il faut le considérer comme tel. Il faut une réponse positive pour pouvoir entamer des reproductions dans les normes.
Tables rondes
Trois tables rondes, l’une sur la censure, l’autre sur la pertinence de percevoir des frais de retards et une dernière sur le rôle de la bibliothèque de s’occuper de la robotique, des tablettes numériques, des ordinateurs portables et autre ont permis aux membres de s’exprimer sur ces différents sujets dans une ambiance minutée qui encourageait la concision et l’esprit de synthèse. Belle initiative et échanges pertinents!
Biblius
Enfin, Nancy Lusignan, chargée de projet pour Biblius, chez Bibliopresto a clôturé ces journées de formation en présentant exhaustivement ce qui a été réalisé depuis février 2019 et les développements en cours afin de mieux préparer le déploiement complet de Biblius, dès l’année scolaire 2021-22. De nouveaux développements sont à prévoir, demeurez attentif!
En conclusion, les journées de formation ont permis à tous les participants de se former malgré les restrictions liées à la pandémie. La formule virtuelle a incité de nombreuses personnes à s’inscrire, parfois pour la première fois. Malgré l’éloignement physique, nous avons quand même pu nous réunir et vivre des journées enrichissantes et dynamiques. Peut-être qu’une formule hybride en virtuel et en présentiel pourrait rallier un plus grand nombre de participant dans le futur? Une chose est certaine, grâce au nombre élevé de participants, les Journées de formation ont permis de dégager une certaine marge de manœuvre financière qui donnera au prochain conseil d’administration une plus grande liberté d’action. On espère se voir en présence l’an prochain!
Pierre Van Eeckhout a travaillé pour les bibliothèques publiques au Québec entre 1996 et 2000 et au Nouveau-Brunswick de 2003 à 2014. En 2015 (SBPNB), il a fait une transition vers les bibliothèques scolaires pour le centre de service de l’Or-et-des-Bois en Abitibi. Il est président sortant de l’APSDS (2018-2020) et membre du comité de liaison provincial des bibliothécaires scolaires. Il cherche par toutes sortes de moyens innovants à transmettre sa passion de la lecture à la nouvelle génération d’élèves.